L’histoire
Arrachée à sa mère, Kenza (Trésor) grandit en Algérie entre un père autoritaire et violent et des frères misogynes(1). Avec sa bourse d’études, la jeune fille trouve un moyen d’acheter sa sérénité : elle lui permet de partir loin de sa famille. S’épanouir(2) ailleurs, sous d’autres cieux(3) avec d’autres personnes.
Interne dans un lycée à Oran, l’héroïne découvre l’amour, l’amitié, l’alcool, la cigarette, les petites balades entre amis… la liberté. Elle apprend à apprécier ces petits plaisirs de la vie dont elle a été si longtemps privée ; jusqu’à la naissance de l’intégrisme en Algérie, où il faut se couvrir la tête(4), raser les murs(5), des bombes explosent, des intellectuels se font assassiner… rien ne va plus. Elle rencontre
entre temps Yacef, un jeune étudiant avec lequel elle va vivre une belle histoire d’amour. Malgré les événements, il la maintient
présente et vivante dans le monde oppressant(6) qui l’entoure. Tout comme les autres hommes qu’elle a connus, Yacef finit par la
décevoir à son tour, en cédant aux traditions d’un mariage conventionnel, organisé par ses parents, la laissant ainsi sans aucun
repère(7).
Kenza s’exile encore une fois, cette fois ci de l’autre côté de la
Méditerranée, à Montpellier, ville dans laquelle elle est née et où serait peut être sa mère. À la recherche de ce qu’elle avait perdu en Algérie.
Ce roman est inspiré de la vie de l’écrivaine. Il est écrit à la première personne (je), c’est une sorte d’autobiographie qu’on appelle en littérature autofiction, c’est-à-dire un mélange entre la fiction et la réalité. L’écriture y est engagée dans la dénonciation de la condition de la femme ainsi que dans la défense de ses droits. Un roman attachant et bouleversant à la fois, qu’on ne peut lâcher tant on est impliqué dans l’histoire de cette jeune fille qui a la rage de vivre et d’avancer en dépit de tout.
Moi, on m’appella Kenza : Trésor. Quelle ironie ! Des trésors de la vie, je n’en avais aucun. Pas même l’affection de l’enfance. Ce prénom me sied(8) aussi peu que ceux appliqués aux Liberté entravées(9), aux Victoire asservies(10) et aux héroïnes(11) bafouées(12).
Biographie
Malika Mokeddem est née en 1949 à Kénadsa dans le désert
algérien. Médecin néphrologue(13) de formation, elle fait ses études
entre Oran et Paris avant de s’installer définitivement à Montpellier (1979). Elle arrête l’exercice de la médecine et se consacre à la littérature en 1995. Elle obtient plusieurs prix littéraires (prix de la fondation Nourredine Aba en 1990, prix Littré en 1991, prix Afrique-Méditerranée en 1992, prix Méditerranée en 1994, …).
Bibliographie
- Les hommes qui marchent
(Ramsay, 1990; Grasset 1997) - Le siècle des sauterelles
(Ramsay, 1992) - L’interdite
(Grasset, 1993) - Des rêves et des assassins
(Grasset & Fasquelle, 1995) - La nuit de la lézarde
(Grasset 1998) - La transe des insoumis
(Grasset, 2003) - Mes hommes
(Grasset, 2005) - Je dois tout à ton oubli
(Grasset, 2008)
Disponible à l’achat en livre et livre numérique
http://livre.fnac.com/a942569/Malika-Mokeddem-Des-reveset-des-assassins
http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/mokeddem-malika/des-reves-et-des-assassins,1043532.aspx
1. Misogynes : qui éprouvent du mépris, de l’hostilité pour les femmes
2. S’épanouir : s’ouvrir, se réaliser
3. Cieux : pluriel de ciel
4. Se couvrir la tête : porter un voile sur ses cheveux
5. Raser les murs : marcher près des murs ; de manière figurée, devenir discret, faire en sorte qu’on ne vous remarque pas
6. Oppressant : angoissant, pénible, difficile à vivre
7. Repère : point de référence
8. sied (verbe seoir, niveau de langue recherché) : convient, va
9. entravées : liées, bloquées, gênées
10. asservies : réduites à l’état d’esclavage
11. héroïnes (féminin de héros) : personnes ayant fait quelque chose d’exemplaire, d’extraordinaire
12. bafouées : traitées avec mépris
13. Néphrologue : médecin spécialiste des reins
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